Le tournesol est probablement la culture de printemps qui a le mieux résisté aux conditions très sèches de 2022.
Le contexte conjoncturel international a fait grimper les surfaces de tournesol en France en 2022. Malgré des rendements en retrait, la culture pourrait encore progresser en 2023.
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« Les surfaces de tournesol ont augmenté de 20 % en 2022, une progression historique, souligne Erwan Bougouin, de Mas Seeds. La campagne s’est déroulée en deux temps, en décembre-janvier, les ventes avaient du mal à décoller. Et à partir du 24 février, avec le déclenchement du conflit en Ukraine, elles ont explosé d’un seul coup. » Les semenciers ont dû se mobiliser très rapidement pour satisfaire les besoins, avec des tensions sur certaines variétés. « Il faut dire qu’avec l’augmentation du prix des intrants et notamment des engrais, le tournesol a intéressé les agriculteurs », reconnaît Hervé Ancillon, de Limagrain. Pour les sélectionneurs, c’est en effet une espèce qui ne coûte pas cher à produire. « C’est aussi une espèce peu gourmande en eau, qui ne nécessite pas de frais de séchage », précise Samuel Dubois, de RAGT. « En 2022, le tournesol cochait toutes les cases pour apporter de la sécurité aux agriculteurs », résume Sylvain Lascabettes, de Syngenta.
Disponibilité tendue en 2023
La part des oléiques est restée quasi stable entre 75 et 80 %, selon les interlocuteurs. « Les oléiques sont portés par la prime qui a atteint entre 80 et 120 €/tonne », précise Sébastien Poitevin, de Lidea. La proportion d’hybrides tolérants à un herbicide augmente légèrement à 30 %. Ils se répartissent en un peu plus de 50 % pour les Clearfield et Clearfield Plus, et un peu moins de 50 % pour les ExpressSun et autres variétés tolérantes au tribénuron-méthyl. L’offre pour ce deuxième type de tolérance à un herbicide s’est maintenant élargie à de nombreux semenciers. Le créneau précoce domine toujours le marché avec entre 55 et 60 % (avec les très précoces) des surfaces ensemencées. Les demi-précoces, le reste. Contrairement au maïs, le tournesol bio continue à progresser.
Et même si les rendements ont été moins bons en 2022, et les teneurs en huile assez basses, les semenciers pensent que le marché devrait continuer à progresser en 2023, de l’ordre de 10 %. « Les surfaces devraient encore augmenter et pourraient atteindre 900 000 ha, estime Élodie Batut, de Pioneer. En 2022, le tournesol a bien tiré son épingle du jeu, alors que l’année a été très très sèche. Il contribue également à la diversification des cultures dans le cadre de la nouvelle Pac, un avantage non négligeable aux yeux des agriculteurs. » « La part des oléiques devrait encore progresser », juge de son côté, Samuel Dubois, de RAGT. Pour 2023, c’est la disponibilité en semences qui risque d’être tendue.
SY Arco, n° 1 des ventes
SY Arco de Syngenta devient la première variété cultivée en France avec plus de 70 000 ha, devant Idillic de Lidea qui passe numéro deux, après être restée en tête des variétés ensemencées dans l’Hexagone depuis plusieurs années. Côté entreprises, les deux gammes de Lidea et Caussade Semences Pro vont être regroupées pour le tournesol, sous la seule marque Lidea à partir de 2023. Syngenta poursuit la course en tête sur le marché français avec 34 % de part de marché (pdm) contre 32 % l’an dernier, suivi par Pioneer, qui progresse aussi entre 20 et 25 %, et LG semences qui passe de 15 à 18 %. Viennent ensuite Lidea (Caussade compris) et RAGT, tous deux à 13,5 %, devant Mas Seeds, 7 %, Semences de France et Panam.